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Journée mondiale de la traduction 2021 à Dakar : discours du président de l’ASTRA

Le représentant du Ministère de la Culture et de la Communication,

Le représentant Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’étranger,

Chers partenaires,

le président d’honneur,

Distingués invités,

Membres de la presse,

Chers Consœurs/confrères,

Pour illustrer le thème de la JMT de cette année, « Unis dans la traduction », je vais vous raconter un conte populaire.

Toute ressemblance avec des personnages réels n’est que pure coïncidence.

Il y avait une fois, il y a bien longtemps de cela, dans un petit village lébou, Alaaji le menuisier qui avait ouvert un atelier. Un jour qu’Alaaji était absent, les outils se réunirent car certains n’étaient pas du tout appréciés.

  • L’un prit la parole : « Excluons Fatou la scie : elle mord et elle grince des dents, elle a le caractère le plus grincheux du monde ! »
  • Un autre dit : « Nous ne pouvons conserver Daouda le rabot qui a le caractère le plus tranchant : il épluche tout ce qu’il touche ! »
  • « Quant à Ousmane le marteau, dit un autre, je lui trouve le caractère assommant ; il est tapageur, il cogne toujours et nous tape sur les nerfs. Excluons-le aussi ! »
  • « Et Aly, Diégane, Ousseynou et Ibou les clous ? Peut-on vivre avec des gens qui ont le caractère aussi pointu ? Qu’ils s’en aillent ! »
  • « Et que Virginie la lime et Joy la râpe partent aussi, car vivre avec elles ce n’est que frottement perpétuel… »

Ainsi discouraient, en tumulte, les outils de Alaaji le menuisier. Tout le monde parlait à la fois. C’était une vraie cacophonie !

À côté de ce bruyant atelier, il en existait un autre, tout à fait différent. C’était celui de Bougouma la couturière. Tout y était bien organisé. Il y avait là, des rouleaux de tissus multicolores, des ciseaux finement aiguisés, des aiguilles bien pointues, des bobines de fil alignées dans leurs boîtes, des pelotes de laine serrées les unes contre les autres, des dés argentés, des crochets de toutes tailles…

Et tout ce petit monde s’activait en devisant gaiement. Et pas question de se dénigrer. Chacun connaissait son rôle. Les ciseaux coupaient les tissus, les petites aiguilles cousaient, leurs grandes sœurs tricotaient, les dés protégeaient les doigts, les crochets dévidaient leurs mailles. Et de magnifiques réalisations s’entassaient…

Et voilà que Bougouma la couturière décida de rendre visite à son voisin Alaaji le menuisier qui venait de rentrer dans son atelier. A l’approche de Alaaji le menuisier tous les outils se turent… Alaaji saisit alors ses outils et décida de les faire travailler ensemble sachant que ce n’est que de cette manière que chacun pourra montrer son utilité.

Il prit une planche et la scia avec la scie qui grince, la rabota avec un rabot au ton tranchant. Les ciseaux qui blessent la râpe rude entrèrent en action. Alaaji le menuisier prit aussi les clous au caractère pointu et le marteau qui cogne. Il se servit de tous ses outils, formidables et indispensables, pour fabriquer un magnifique berceau.

Bougouma la couturière s’approcha doucement, disposa dans le petit lit un drap finement brodé, un moelleux oreiller, une douillette couverture, une douce brassière… Pour accueillir l’enfant à naître… Pour accueillir la vie… Pour accueillir la paix !

Comme nous le voyons lorsque Alaadji, Fatou, Daouda, Ousmane, Aly, Diégane, Ousseynou, Ibou, Virginie, Joy, Bougouma et tous les autres s’unissent (ils sont une soixantaine), ils deviennent plus forts et accomplissent des merveilles. Et c’est exactement ce qu’ils font au sein de l’ASTRA.

La morale de l’histoire que je viens de vous raconter, c’est que l’union fait la force, mais elle apporte également la paix.

Si l’on regarde l’histoire de l’humanité, une caractéristique qui ressort de façon récurrente comme la plus grande force, c’est la puissance des groupes et des sociétés, leur capacité à s’unir lorsqu’ils surmontent des menaces, font face à des défis et mettent en œuvre des changements vitaux.

Comme l’a dit Martin Luther King, « il y a du pouvoir dans le nombre et il y a du pouvoir dans l’unité ». Lorsque les gens s’unissent autour d’une vision commune, s’y engagent et agissent de manière décisive avec espoir et conviction, ils obtiennent des résultats considérables.

L’envie me prend de crier, « traducteurs de tous les pays, unissez-vous ! » Même si nous, traducteurs du 21e siècle, ne nous inscrivons pas dans une lutte de classe comme celle que menaient les prolétaires opprimés du 19e siècle, nous avons l’obligation d’élever notre conscience et de jouer le rôle historique qui est le nôtre.

L’union fait la force mais la solidarité la consolide et la renforce.

En effet, l’unité et la solidarité sont les deux pieds qui nous font avancer sur nos routes humaines au nom de l’amour du prochain. Un amour tout humain.

Cependant, unité ne signifie pas être d’accord sur tout. Nous ne sommes pas du même avis tout le temps, mais ce n’est pas grave. Notre détermination et notre volonté communes de défendre notre profession nous permet de mettre de côté nos différences et d’agir ensemble, car c’est bien plus important que nos divergences.

Quand des personnes sont unies, elles veillent les unes sur les autres.

Lorsque la pandémie de Covid-19 a éclaté, comme la plupart des travailleurs, les traducteurs ont été très touchés, et beaucoup d’entre nous en souffrent encore. Mais c’est l’unité de notre famille qui a fait et continuera de faire la différence.

Nous devons nous rassembler, réfléchir et discuter ensemble, sur les moyens de défendre notre dignité et nos conditions de vie.

Montesquieu nous y invite. Lui qui disait que pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie, il ne faut pas être au-dessus des hommes, il faut être avec eux.

Et parlant du plus beau métier, Antoine de Saint-Exupéry affirme : « le plus beau métier d’homme est le métier d’unir les hommes ». N’est-ce pas ce que fait le traducteur ? Lui qui construit des ponts entre les personnes et les communautés… Et selon Ivo Andric écrivain yougoslave, « de tout ce que l’homme bâtit et réalise, rien n’est meilleur et n’a plus de valeur que les ponts ! »

Merci de votre attention.

 

 

Union : conformité de sentiments, de pensées, de comportements entre des personnes ou des groupes

Unité : caractère de ce qui est considéré comme formant un tout dont les diverses parties concourent à constituer un ensemble indivisible

Séga Hamady Faye,

président de l’ASTRA, 30 septembre 2021

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